Sous le soleil chaud de Thomonde, les patients sont venus tôt, certains à pied, d’autres en moto, pour participer à une journée différente des autres. Pas de consultation habituelle, mais un espace de dialogue, d’écoute et de prévention.
Sur les murs, une phrase en créole rappelait le thème de l’année : « Chak batman kè konte, ann prevni maladi kè ansanm. » Chaque battement compte. Prévenir les maladies cardiaques, ensemble.

Cette idée simple résume à elle seule l’urgence d’agir. Car en Haïti, les maladies du cœur progressent lentement mais sûrement. Beaucoup de personnes ignorent qu’elles souffrent d’hypertension, de diabète ou de troubles cardiaques jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Les symptômes sont discrets, les risques souvent invisibles, et les moyens de prévention encore trop limités dans les zones rurales.
À Thomonde, ce jour-là, la prévention s’est faite concrète. Des dizaines de personnes ont appris à mesurer leur tension, à reconnaître les signes d’alerte, à parler de ce qu’elles ressentent. D’autres ont partagé leurs expériences, évoquant la fatigue, les maux de tête, la peur de ne plus pouvoir travailler ou s’occuper de leurs enfants.
Pour beaucoup, c’était la première fois qu’ils entendaient expliquer que les maladies cardiovasculaires ne touchent pas que les “vieux”, mais aussi les adultes en âge de travailler, et parfois même les jeunes.

Les discussions ont ouvert des prises de conscience. Manger moins salé, bouger un peu plus, ne pas négliger les rendez-vous médicaux : autant de gestes simples, mais qui sauvent des vies.
Dans un contexte où la crise économique, l’insécurité et la malnutrition occupent le devant de la scène, parler de santé du cœur peut sembler secondaire. Pourtant, c’est une urgence silencieuse.
Les maladies chroniques sont en train de devenir l’un des plus grands défis du système de santé haïtien.
À Thomonde, l’équipe du centre de santé le sait bien. Chaque jour, elle reçoit des patients dont la tension dépasse les limites, des femmes souffrant de complications cardiaques après un accouchement, des hommes jeunes déjà épuisés par l’effort. Derrière chaque consultation, il y a une réalité : le cœur du pays s’affaiblit, faute d’attention.

Mais il y a aussi de l’espoir. Les séances d’éducation, le dépistage, la disponibilité de médicaments essentiels et le suivi régulier changent peu à peu les choses. Ce travail patient, souvent invisible, crée les conditions d’un avenir plus sain.
La Journée mondiale du cœur n’a duré qu’une journée, mais elle a laissé une empreinte durable. Elle a rappelé que la santé ne dépend pas seulement des hôpitaux ou des médecins, mais aussi de la conscience collective.
Les gestes de prévention appris à Thomonde se diffuseront dans les foyers, les marchés, les écoles.
Et c’est peut-être là que réside la vraie victoire : quand chaque habitant devient gardien de sa propre santé, et que la prévention cesse d’être une théorie pour devenir une habitude.
Chaque battement de cœur, ici, compte vraiment.
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