Ces dernières semaines, la réalité budgétaire de Zanmi Lasante s’est imposée à nous avec force. Coupes ici, ajustements là, reports ailleurs. Chaque département, chaque site, chaque équipe a été touché d’une manière ou d’une autre. Et pourtant, nous devons poursuivre la lutte, avec moins de ressources, moins de moyens, mais jamais avec moins d’engagement.
La fermeture temporaire de l’Hôpital Universitaire de Mirebalais n’a fait qu’accroître la pression sur l’ensemble de notre réseau. Les sites de Belladères, Saint-Marc, Hinche, Cange, La Colline, Boucan Carré (entre autres) ont dû faire face à un afflux soudain de patients, dans des conditions déjà tendues. Nos équipes logistiques ont redoublé d’efforts pour réorganiser les flux. Médecins, infirmiers et autres personnels cliniques et de soutien, se sont adaptés, parfois au prix de leur propre épuisement. Les services ont tenu, parce qu’il le fallait.
Je ne vous cacherai pas que la situation est difficile. Ce que nous traversons n’est pas simplement une période de tension. C’est une véritable mise à l’épreuve de notre modèle. Mais à cette épreuve, nous répondons à notre manière : par l’action, par la solidarité, par le courage et par l’intelligence collective.
Faire plus avec moins avec de la qualité, ce n’est pas accepter l’inacceptable. C’est se recentrer sur l’essentiel, ce qui soigne, ce qui soutient, ce qui sauve. C’est améliorer ce qui peut l’être, avec les moyens du bord. C’est innover sans trahir notre mission. C’est tenir bon, même sans certitude sur le lendemain.
Ce mois-ci encore, j’ai vu des collègues improviser des solutions face au manque de matériel. J’ai vu des équipes épuisées, mais toujours debout. J’ai aussi perçu une fatigue plus profonde : celle que provoque l’incertitude, le poids des responsabilités, l’inquiétude pour l’avenir. Et dans tout cela, j’ai vu la force de notre mission : être là, coûte que coûte. Mais j’ai aussi compris une chose essentielle : pour continuer à porter cette mission, nos équipes doivent, elles aussi, être soutenues. Leur bien-être compte. Leur santé mentale n’est pas un luxe, c’est une nécessité.
À toutes celles et ceux qui continuent de servir dans l’ombre, à celles et ceux qui maintiennent les services ouverts malgré tout, je veux dire ceci : ce que vous faites a un sens profond. Vous êtes la preuve vivante que la mission ne s’arrête pas lorsque les moyens diminuent.
La lutte continue. Elle est plus rude, plus incertaine, mais elle continue. Parce que la vie de celles et ceux que nous servons, elle, ne peut pas attendre.
Wesler Lambert
Directeur Exécutif, Zanmi Lasante
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