Plus de 150 personnes, issues du ministère de la santé, d’institutions médicales, d’organisations locales et internationales, se sont réunies à Port-au-Prince, 10 avril 2025 dernier pour le lancement officiel du Rapport de la Commission nationale sur les maladies non transmissibles, les traumatismes (MNTT) et la pauvreté.
Ce rapport, fruit de plusieurs années de travail collectif, a été co-présidé et co-financé par Zanmi Lasante aux côtés du ministère de la Santé publique et de la population et de la FHADIMAC. Il met enfin des mots et des chiffres sur une réalité souvent ignorée : en Haïti, près de la moitié de la charge de morbidité est liée aux maladies chroniques, et environ 12 % aux traumatismes. Des maladies qui, trop souvent, tuent en silence.
Une photographie crue de la santé en Haïti
Le rapport révèle que les maladies cardiovasculaires, le diabète, les cancers, l’asthme, les maladies rénales et certains troubles mentaux sont omniprésents dans la population. Il identifie 37 pathologies et traumatismes prioritaires à adresser en urgence. Ce qui frappe, c’est que les plus touchés sont les plus pauvres. Le dépistage du diabète, l’accès aux soins pour l’hypertension ou encore la sensibilisation au cancer du col de l’utérus sont largement inaccessibles pour une partie considérable de la population.
L’accès aux services de santé reste inégal : plus les gens sont pauvres, plus ils vivent loin des centres de santé, plus ils tardent à consulter, plus les conséquences sont graves. Et quand ils arrivent enfin à l’hôpital, ils doivent souvent faire face à des coûts qu’ils ne peuvent pas couvrir.


Changer de paradigme
Ce rapport ne se limite pas à un diagnostic. Il propose des interventions ciblées, des priorités de santé publique, et un cadre d’action pour renforcer le système de santé en faveur des plus vulnérables. Il appelle à décentraliser les soins, former des spécialistes, intégrer la santé mentale dans les soins primaires, et surtout, prendre en compte la pauvreté dans la planification sanitaire.
La cérémonie de lancement a été un moment fort de plaidoyer. Dans son allocution, Dr Ralph Ternier a rappelé que « ce rapport n’est pas un aboutissement. C’est un début. Il nous invite à agir, avec rigueur et courage, pour bâtir un système de santé qui répond vraiment aux besoins de la majorité silencieuse. »
Faire de la santé un droit, pas un privilège
Le message qui a traversé les discours et les témoignages vidéo était clair : la santé ne peut pas être un luxe réservé aux plus aisés. Les maladies non transmissibles et les traumatismes n’épargnent personne, mais ils frappent plus durement ceux qui vivent dans la précarité. Pour inverser la tendance, il faut des choix politiques clairs, des investissements courageux, et une mobilisation collective.
Le rapport est désormais entre les mains du public, bientôt disponible sur le site du MSPP. Il est aussi un outil de pression pour que les engagements internationaux, notamment la réunion de l’ONU sur les MNT en septembre, ne restent pas lettre morte.
Parce qu’en Haïti, chaque décès évitable est un échec collectif. Et chaque vie sauvée est une victoire que nous devons rendre possible.