Le 12 mai, à l’occasion de la Journée Internationale du Personnel Infirmier, nous rendons hommage à celles et ceux qui assurent, chaque jour, la continuité des soins là où tout vacille. En Haïti, où les crises politiques, économiques et sécuritaires ont ébranlé les fondations du système de santé, le personnel infirmier reste en première ligne.

Ils ne comptent plus leurs heures. Ils improvisent quand il manque du matériel, trouvent des solutions quand les routes sont coupées, et redonnent de l’espoir dans les contextes les plus sombres. Ce sont eux qui accompagnent les patients à chaque étape, de la première urgence jusqu’au suivi le plus long. Ils soignent, écoutent, enseignent et réconfortent.
À Zanmi Lasante, ces visages ont des noms. Pour Ketlande Demesier, directrice des soins infirmiers à Cange, ce qui la touche le plus aujourd’hui, ce sont ces patients qu’on croyait perdus et qui reviennent, vivants, pour leur suivi. Erna, infirmière responsable du programme NCD à Boucan Carré, aide ses patients à reprendre le contrôle sur leur vie malgré des diagnostics lourds. « L’éducation est la clé », dit-elle, convaincue qu’un patient éclairé est un patient debout.
Darline, à Saint-Marc, coordonne le programme de prévention mère-enfant du VIH. Elle accompagne des femmes pendant 18 mois pour s’assurer que leur bébé naîtra sans virus. Valéry, infirmier à Thomonde, a changé de vie après le séisme de 2010 pour se consacrer au soin. Aujourd’hui, il encadre les équipes infirmières et défend la formation continue comme pilier de qualité et de dignité.
Mydjie, également engagée dans le programme PTME, est devenue marraine d’un bébé sauvé. « Ce métier nous transforme, nous rend plus humains. » Et Dieucika, jeune infirmière à Cange, raconte comment une naissance réussie après un accouchement critique lui rappelle chaque jour le sens de sa vocation : être un instrument d’espoir.

Tous partagent le même constat : ils donnent beaucoup, souvent sans protection suffisante. Derrière les uniformes et la force apparente, il y a la fatigue, la frustration, parfois l’épuisement. Ce n’est pas une question de volonté, mais de conditions.
Ceux qui prennent soin du pays ont aussi besoin qu’on prenne soin d’eux.
Le thème mondial de cette année le dit clairement : Nos infirmier·ère·s. Notre avenir. Prendre soin des infirmier·ère·s renforce les économies. À Zanmi Lasante, cette vérité se vit chaque jour :
- Une infirmière bien rémunérée fait vivre plusieurs personnes.
- Un infirmier en bonne santé mentale est plus à même de gérer la pression et d’offrir des soins de qualité.
- Un personnel bien formé réduit les erreurs, retient les patients dans le système, et améliore les résultats de santé publique.

Madame Wadeline Begon, coordonnatrice des soins infirmiers à ZL, plaide pour des actions concrètes : « Créer des espaces d’écoute, renforcer l’accompagnement psychologique, offrir des opportunités de leadership, revoir les disparités salariales au niveau national … Ce sont des mesures urgentes. Si nous ne protégeons pas notre personnel, c’est tout le système qui s’écroule. »
Des initiatives ont déjà vu le jour : mise en valeur hebdomadaire du personnel, formations en leadership, accès aux outils numériques, reconnaissance annuelle des efforts exceptionnels. Mais il faut aller plus loin.
Ce 12 mai 2025, nous lançons un appel clair : Investir dans le personnel infirmier, c’est investir dans la santé, l’économie, la stabilité du pays et chaque effort pour améliorer ses conditions est un levier direct pour sauver des vies.
Les infirmiers et infirmières ne demandent pas de privilèges. Ils demandent les moyens de continuer à servir, à tenir, à soigner. Ce sont eux qui font que, malgré tout, Haïti continue d’avancer.
Et pour ça, ils méritent bien plus qu’un merci.
À Zanmi Lasante, nos infirmiers et infirmières tiennent debout pour soigner les autres. Faites un don pour renforcer leur travail, améliorer leurs conditions et continuer à faire vivre ce réseau de soins au cœur d’Haïti.