Depuis trois ans, le Dr Vaugelas Louissaint est engagé dans le service de santé mentale de Zanmi Lasante. Il a commencé à l’Hôpital Universitaire de Mirebalais, au rythme des consultations, des urgences silencieuses, des histoires de détresse. Puis, quand le pays s’est enfoncé dans la crise, il a rejoint l’Hôpital Sainte-Thérèse de Hinche, reprenant son travail dans un contexte bouleversé.
Rien ne l’avait préparé à ce que signifierait exercer ce métier en temps de crise prolongée. Rien, sauf peut-être la force de ceux qu’il soigne.
« Il y a des matins où le silence de la route résonne comme une question : est-ce que je vais tenir encore aujourd’hui ? Et pourtant, je me lève. Parce que je sais que quelqu’un, quelque part, attend cette écoute, ce soutien, ce rendez-vous. »
Le Dr Louissaint parle sans détour de l’usure mentale. Du poids invisible de cette mission. Mais il parle aussi de ses patients avec un respect immense : une femme qui retrouve le sommeil après des semaines de cauchemars. Un jeune qui, après un long silence, finit par dire ce qu’il a sur le cœur. Une famille qui ose espérer.
Dans les couloirs de l’hôpital, il devient ce repère. Une voix calme, un visage connu, un rappel que, même dans le chaos, il existe encore des espaces de soin et de dignité.
Son équilibre, il le trouve dans les gestes simples. Dans les échanges avec ses collègues, dans les moments passés avec ses enfants. Il insiste : « On ne peut pas prendre soin des autres si on s’oublie soi-même. »
Aujourd’hui, il tient à rendre hommage à ses collègues. À ceux qui continuent, qui tiennent bon, qui s’adaptent, malgré tout. Et il adresse un message fort aux partenaires : « Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas seulement de ressources, c’est aussi de reconnaissance, d’écoute, de respect pour notre santé mentale à nous, soignants. »
Son témoignage n’est pas une plainte. C’est un appel à voir l’humain derrière la blouse. À comprendre que la mission ne s’interrompt pas quand les conditions deviennent difficiles. Au contraire, c’est là qu’elle prend tout son sens.
« Cette mission est plus grande que moi. Et tant qu’un patient attendra, j’irai.
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