La route vers Balandrie est éprouvante. Elle traverse des mornes escarpés, secs et poussiéreux. Sous un soleil écrasant, les arbres n’offrent presque aucun abri, la terre est fissurée, et les maisons en bois, en torchis ou en tôle témoignent de conditions de vie très difficiles.
Quand l’équipe est arrivée dans la matinée du samedi 22 mars 2025, plus d’une centaine de personnes étaient déjà sur place. Hommes, femmes, enfants, personnes âgées : tous étaient venus pour bénéficier d’un dépistage. L’accueil était chaleureux. Les habitants étaient curieux, respectueux, reconnaissants. Ce n’était pas seulement une activité médicale, mais un moment rare d’échange, d’écoute et de sensibilisation.
Dans cette zone reculée de Boucan-Carré, l’accès aux soins reste extrêmement limité. Pourtant, ce jour-là, les habitants de Balandrie se sont déplacés en nombre. Beaucoup ont marché de longues distances pour se faire dépister pour la première fois de leur vie.
Parmi eux se trouvait Lovelie C, 29 ans. Elle ne se sentait pas très bien depuis quelques jours, sans savoir s’il s’agissait de symptômes graves. Lorsqu’elle a appris que Zanmi Lasante organisait une campagne de dépistage de la tuberculose, elle a décidé de venir. Elle ne connaissait pas vraiment cette maladie, mais elle voulait en savoir plus et prendre soin de sa santé.


L’activité était coordonnée par une petite équipe engagée. Tamara Charles, infirmière du programme TB/TB-MDR à l’Hôpital Bon Sauveur de Cange, a souligné l’importance du dépistage précoce. Dans des communautés comme celle-ci, il est essentiel de détecter rapidement les cas afin d’initier un traitement sans délai et de briser la chaîne de transmission.
Dieufely Pierre, technicien de laboratoire spécialisé dans le diagnostic de la tuberculose, était chargé d’analyser les prélèvements. Il travaille avec Zanmi Lasante depuis 27 ans. Malgré les conditions de transport difficiles et les défis logistiques, il reste profondément attaché à sa mission. Pour lui, venir à Balandrie, c’est là que son travail prend tout son sens.
La mobilisation communautaire a été assurée par Baconois Filescar, agent de santé communautaire polyvalent actif depuis 2002. Il connaît chaque recoin de la zone, chaque famille. Il est l’intermédiaire indispensable entre les habitants et les équipes médicales. Au-delà du dépistage, il sensibilise, explique, rassure, et lutte contre les préjugés liés à la tuberculose. Sa présence inspire confiance.
Tout au long de la journée, les habitants ont posé des questions, partagé leurs inquiétudes, et écouté avec attention. Une femme âgée est venue avec ses enfants et petits-enfants. Elle a dit : « On ne trouvera pas ces services ici tous les jours… alors il faut en profiter. » Une phrase simple, mais qui résume l’essentiel : ici, chaque visite médicale compte.
En cette Journée mondiale de la tuberculose, nous réaffirmons une vérité simple : mettre fin à la tuberculose n’est pas un rêve, c’est un devoir.
Le thème de cette année, « Oui ! Nous pouvons mettre fin à la tuberculose : s’engager, investir, agir », prend tout son sens à Balandrie.
Pour que ces efforts aient un impact durable, il faut continuer à investir, à former, à faire confiance aux acteurs communautaires, et à aller vers celles et ceux qu’on oublie trop souvent.
Zanmi Lasante poursuit cet engagement. Les habitants de Balandrie ont montré qu’ils y croient, eux aussi. Faire un don.