À Zanmi Lasante, soigner ne s’arrête pas aux murs de la salle de consultation. Cela veut aussi dire écouter, accompagner, et ouvrir des chemins vers la dignité. En Haïti, où plus de 35% des adultes ne savent ni lire ni écrire, l’illettrisme est un obstacle silencieux mais puissant à l’autonomie. C’est pourquoi, depuis plusieurs années, nous avons fait le choix d’agir aussi sur ce front.
Le lundi 23 juin 2025, au Pavillon Thomas J. White de l’Hôpital Bon Sauveur de Cange, nous avons lancé la deuxième cohorte du programme d’alphabétisation destiné aux patients vivant avec des conditions de santé particulières, notamment le VIH et la tuberculose. Porté par le Bureau du Travail Social en collaboration avec le Service d’infectiologie, ce programme incarne notre vision d’une approche intégrée : celle qui soigne le corps sans oublier l’esprit.
Beaucoup de patients vivent depuis des années avec un traitement qu’ils comprennent à peine, simplement parce qu’ils n’ont jamais eu accès à l’école. Ne pas savoir lire une ordonnance, ne pas pouvoir signer un document, ne pas comprendre ses propres droits : ce sont autant de violences silencieuses que nous voulons réparer.
L’initiative, soutenue activement par Zanmi Lasante, permet aux participants d’apprendre à lire, à écrire, à signer leur nom. Mais elle leur offre surtout une chance de retrouver confiance en eux. Car apprendre, c’est se relever. C’est reprendre sa place dans le monde.
« M’ap aprann li ak ekri pou m vanse. »
Ces mots d’une participante résument l’esprit de ce programme. Elle est l’une des dizaines d’apprenants qui, chaque semaine, s’assoient dans une salle simple, mais remplie d’espoir, pour tracer des lettres comme on trace un nouveau départ.
Durant la cérémonie de lancement, plusieurs membres de l’équipe ont pris la parole pour réaffirmer l’importance de cette démarche. L’infirmière Farah Jean a animé l’événement avec chaleur. Dre Myriame Michel, responsable du programme VIH, a rappelé que l’alphabétisation est une question de justice : « Ce n’est pas un luxe, c’est un droit. » Dr Gamarly Leblanc Jacques, de la coordination TB/VIH, a souligné que ce programme reflète l’essence même de notre mission : placer l’humain au centre, en liant santé, éducation et justice sociale.
Le témoignage de Judith Montperousse, enseignante du programme, a profondément ému l’assemblée. Elle a parlé de la fierté des participants à écrire leur nom pour la première fois, des rires, des hésitations, des victoires quotidiennes.
Ce projet est un rappel : à Zanmi Lasante, nous ne nous contentons pas de soigner. Nous relevons, nous accompagnons, nous éduquons. Parce qu’un système de santé digne ne peut exister sans s’attaquer aussi aux causes profondes de l’exclusion.
Votre soutien nous permet d’aller plus loin que le soin, pour offrir aussi des outils de vie. Aidez-nous à continuer ce travail. Faites un don pour renforcer l’éducation, la dignité, l’autonomie.