Combat contre les maladies chroniques : l'hôpital Bon Sauveur de Cange offre des soins vitaux aux plus vulnérables

À l'Hôpital Bon Sauveur, Romène, gravement malade, retrouve espoir grâce à des soins attentifs. Cultivatrice inquiète pour ses champs, elle exprime sa gratitude envers le personnel qui l’a sauvée.

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septembre 25, 2024

L’unité de médecine interne de l’Hôpital Bon Sauveur de Cange est en pleine effervescence. Les infirmières, habillées de blanc impeccable, se déplacent rapidement d’un patient à l’autre, leur présence apportant réconfort et assurance. L’une d’entre elles soutient doucement un homme dont le visage est en partie couvert d’un bandage. Il est affaibli, ses mouvements lents, et l’infirmière ajuste les draps de son lit avec soin, veillant à ce qu’il soit confortablement installé. Le bip régulier des moniteurs cardiaques emplit l’air, tandis que des voix basses murmurent des mots d’encouragement aux patients entourés de leurs proches. Certains ont apporté de la nourriture, d’autres se contentent de rester assis en silence, offrant simplement leur compagnie.

A l’autre bout de la salle, dans un coin plus calme, nous rencontrons Romène. Allongée seule depuis un moment, sa voix est douce, presqu’un murmure. « Ma fille est sortie un instant », explique-t-elle avec retenue. Romène est cultivatrice, habituée au rythme des champs, où elle fait pousser du maïs, des haricots et des ignames. Sa vie était simple, jusqu’au jour où tout bascula.

Cela commença par une simple fièvre. « Je pensais que ça passerait », dit-elle, les yeux perdus dans le lointain alors qu’elle se remémore les premiers signes de sa maladie. Elle continua ses activités quotidiennes, ignorant que quelque chose de bien plus grave se préparait. Les jours passaient et son état s’aggravait progressivement. Sa poitrine se mit à enfler et un matin, Romène se mit à cracher du sang. « C’est là que j’ai vraiment commencé à avoir peur », avoue-t-elle d’une voix tremblante. Son corps s’affaiblissait de plus en plus, et l’enflure sur sa poitrine finit par s’étendre à d’autres parties de son corps.

Romène ne se souvient pas de son arrivée à l’hôpital. C’est sa fille qui lui a raconté comment, après s’être effondrée, elle avait été transportée d’urgence à l’Hôpital Bon Sauveur de Cange, où les médecins s’efforcèrent de la stabiliser. De là, elle fut transférée à l’unité de médecine interne, où elle est restée pendant les deux derniers mois.

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L’Hôpital Bon Sauveur de Cange est le tout premier établissement de santé établi par Zanmi Lasante. L’hôpital est un leader dans le traitement des maladies chroniques, telles que le diabète, l’insuffisance rénale et les maladies cardiaques, qui sont souvent négligées dans des régions à faibles ressources. L’hôpital offre des soins à long terme pour des patients souffrant de conditions qui nécessitent un suivi régulier et une gestion continue. C’est dans cet environnement de soins spécialisés que Romène a trouvé une bouée de sauvetage.

« Je me sentais si mal que je pensais que je n’y survivrais pas… Je croyais que j’allais mourir », confie Romène, sa voix à peine un souffle. Malgré la gravité de sa maladie, elle se dit reconnaissante pour les soins qu’elle a reçus. Les infirmières et les médecins, dit-elle, la traitaient comme si elle faisait partie de leur propre famille. « J’ai été bien soignée », ajoute-t-elle, avec une lueur de sourire.

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Mais sous cette gratitude se cache une inquiétude profonde. Avant de tomber malade, Romène avait planté ses haricots en juillet. D’autres s’occupent de ses champs en son absence, mais elle ne sait pas vraiment comment ses cultures se portent. « Je ne sais pas si mes récoltes sont encore vivantes », avoue-t-elle, le visage assombri par l’inquiétude.

Sa maladie, elle le craint, a changé sa vie pour toujours. « Mon cœur est trop faible », dit-elle, avec une résignation palpable. « Je ne pense pas pouvoir travailler dans mes champs à nouveau. » C’est une réalité difficile à accepter pour quelqu’un qui a vécu de la terre toute sa vie. Pourtant, malgré l’incertitude qui plane sur son avenir, Romène garde espoir. Elle parle de ses récoltes, de ses enfants, et des ignames qu’elle promet d’apporter au personnel de l’hôpital, lorsqu’elle sera en mesure de retourner chez elle.

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« Je me sens mieux maintenant », dit-elle, même si les palpitations cardiaques et la toux persistante qui l’empêche de dormir sont des rappels constants de sa fragilité.

Romène n’est qu’une parmi des milliers de personnes vivant avec une maladie chronique, des vies en suspens dans l’attente de soins qu’elles n’auraient jamais pu espérer sans l’Hôpital Bon Sauveur de Cange. Grâce à ce réseau de soins, elle a eu accès à un traitement qui lui a sauvé la vie.