Pour de nombreuses personnes, les cliniques mobiles Zanmi Lasante sont le seul accès à la santé

Clémania Virgile est une femme de 71 ans, mère de 5 enfants et vendeuse de repas chauds à Pointe Sable, un village balnéaire du département du Sud, où elle vit avec ses enfants.

Published on
octobre 21, 2021

En février 2015, elle a dû subir une opération de la colonne vertébrale suite à une arthrose sévère. Cependant, depuis cette intervention, sa vie n’est plus la même. « Quand j’ai quitté l’hôpital, explique-t-elle, les médecins m’ont donné une canne qui m’aidait à marcher, mais les douleurs ne m’ont jamais quittée. Je ne peux plus rester sur mes jambes trop longtemps. J’ai des picotements tous les soirs dans la région des hanches et tout le long de mon corps jusqu’à mes jambes. C’est presqu’insupportable.»

Avant son opération, Clémania était une personne énergique. Elle aimait son travail, la cuisine ayant toujours été sa passion, et elle avait eu la chance d’en faire son métier. « Ce n’est pas du tout facile pour une extravertie comme moi qui aime être indépendante », explique Clémania. Au lieu de travailler, je reste assis toute la journée à ne rien faire. Au lieu de cuisiner, j’attends qu’on m’apporte mes repas, au lieu d’interagir avec mes clients, je suis devenue une simple spectatrice et je regarde mes enfants faire toutes mes activités pour moi.

Lorsqu’elle a appris que la clinique mobile Zanmi Lasante arrivait dans la ville de Port-Salut, à plusieurs kilomètres de son village, Clémania s’est rendue à l’arrière d’une moto, à travers un long chemin de terre, jusqu’au site de la clinique. Elle a rejoint des centaines de personnes attendant patiemment l’arrivée des médecins. Soutenue par sa béquille et accompagnée de son fils aîné, elle a été reçue par le Dr Michel Edouard, qui lui a prescrit les analgésiques appropriés pour sa douleur aux jambes ainsi que d’autres médicaments pour traiter son diabète et son hypertension.

La clinique mobile

Frédérique Montas / PIH

« Peu de temps après avoir pris les analgésiques, je me suis sentie transformée, raconte Clémania, je donne peut-être l’impression d’exagérer, mais pour la première fois depuis six ans, j’ai l’impression d’avoir retrouvé ma vie d’avant. Je ne me fais pas d’idées, je sais que les douleurs reviendront, mais grâce aux gentils médecins de cette clinique mobile, j’en ai assez pour les surmonter. De plus, les soins médicaux et les médicaments sont entièrement gratuits. Que puis-je demander de mieux ? »

Chaque semaine, la clinique mobile et les équipes médicales de Zanmi Lasante parcourent des centaines de kilomètres vers divers endroits, notamment des localités touchées par le tremblement de terre du 14 août et la tempête tropicale Grace, et d’autres zones où aucun service de santé n’existait auparavant. Ils fournissent des soins d’urgence et primaires de base et peuvent desservir jusqu’à 300 personnes par jour. L’équipe comprend des médecins, des infirmières, des psychologues et des assistants médicaux. L’équipe clinique met en place plusieurs stations pour que les patients passent du triage aux tables d’évaluation, de pharmacie et de traitement. Ils s’occupent de tout, des blessures liées au tremblement de terre aux problèmes prénataux, car beaucoup de ces patients n’ont pas facilement accès aux soins ou ne peuvent plus se rendre dans leur clinique locale, qui s’est effondrée lors du tremblement de terre.

Pour de nombreuses personnes, comme Clémania Virgile, les cliniques mobiles Zanmi Lasante sont leur seul accès aux soins.