Quand Anise Bénéus parle de sa vie à Boucan Carré, elle décrit une réalité marquée par l’incertitude. Elle élève six enfants dans une maison qui menace de s’effondrer. Les revenus sont inexistants et la famille vit au jour le jour. Son mari ne peut pas contribuer et elle porte seule la responsabilité d’assurer les besoins essentiels.
La nourriture est le premier défi. Certaines journées se passent sans repas. D’autres fois, elle parvient à préparer quelque chose, mais cela reste rare. L’idée de manger deux fois par jour n’existe plus depuis longtemps. Les enfants sont régulièrement renvoyés de l’école faute de paiement. Chaque renvoi ajoute du stress, de la honte et un sentiment d’impuissance. Elle voudrait offrir mieux à ses enfants, mais elle n’en a pas les moyens.
Pour tenir, Anise emprunte de petites sommes à des voisins. C’est sa seule solution pour mettre un repas sur la table. Ces dettes s’accumulent et les créanciers reviennent souvent demander remboursement, parfois avec insistance. Les échanges deviennent parfois tendus et ajoutent une pression supplémentaire sur un quotidien déjà difficile.
Anise essaie pourtant de s’en sortir. Elle accepte chaque opportunité de travail. Si quelqu’un a besoin d’aide dans un champ ou pour une tâche manuelle, elle y va. Elle prend le travail disponible pour rembourser ce qu’elle doit et acheter un peu de nourriture.
C’est à travers les autorités locales qu’elle apprend l’existence d’un projet financé par le FAES. On lui dit que des inscriptions sont ouvertes pour les familles ayant besoin d’un appui immédiat. Elle hésite, habituée à faire face seule. Mais l’équipe de Zanmi Lasante à Boucan Carré, qui connaît les conditions de vie dans la zone, confirme que sa situation est prioritaire.
Le soutien qu’elle reçoit s’inscrit dans un paquet social mis en place pour accompagner les visites de suivi dans les structures sanitaires. À deux reprises pendant la durée du projet, un transfert de cash de 25 dollars lui est remis, en complément d’un kit alimentaire offert au cours de ces mêmes visites. Les kits sont préparés sur la base d’une liste définie par l’équipe centrale de nutrition afin d’assurer un minimum d’équilibre alimentaire malgré le budget limité. Ils contiennent des produits essentiels comme du riz, des pois, du maïs, de l’huile végétale, des spaghettis, du saumon en conserve, du lait, du sel iodé, du sucre et du vinaigre.
Pour la famille d’Anise, le kit couvre seulement quelques jours, mais il représente une différence immédiate. Pendant un court moment, elle peut nourrir ses enfants sans emprunter. Elle évite certaines confrontations liées aux dettes. Ce répit, même bref, allège son quotidien et lui permet de reprendre un peu de stabilité.
Interrogée sur ce que cette aide représente, Anise répond simplement. Elle dit seulement : « Pour m’aider avec la vie. » Elle ne cherche pas de grandes phrases. Pour elle, ce soutien signifie un peu moins de dettes, un peu moins d’angoisse, et la certitude d’offrir un repas à ses enfants. Et cela suffit pour continuer d’avancer.
Les situations comme celle d’Anise sont fréquentes dans les zones rurales où l’insécurité alimentaire fragilise des milliers de familles. À Zanmi Lasante, les équipes font tout pour que ces foyers puissent accéder aux services de base et garder un minimum de stabilité. Contribuez à ce travail essentiel en faisant un don ici.