Wed Richy Pierre Noel est pharmacien et coordonnateur du programme VIH et tuberculose à Zanmi Lasante, l’organisation sœur de Partners In Health en Haïti. Il supervise la distribution des antirétroviraux dans 13 hôpitaux et centres de santé du Plateau Central et du Bas Artibonite. Il travaille avec les équipes cliniques afin de garantir que les patients soient dépistés, traités et accompagnés jusqu’à l’obtention de la suppression virale. Ce travail est rendu possible grâce au soutien constant de partenaires tels que le PEPFAR.
Haïti a réalisé des progrès majeurs dans la lutte contre le VIH. Dans les sites de Zanmi Lasante, la majorité des patients sous traitement atteignent aujourd’hui la suppression virale. L’organisation avance de manière régulière vers les objectifs mondiaux 95 95 95. Ces avancées ne sont pas théoriques. Elles se traduisent par des vies plus longues, des parents capables de s’occuper de leurs enfants et des jeunes qui grandissent avec un accès durable au traitement.
Ces progrès sont mesurables et reconnus de manière indépendante. Le 31 octobre, lors du Forum HealthQual du Ministère de la Santé dans l’Artibonite, Zanmi Lasante a obtenu la première et la troisième place parmi tous les projets d’amélioration de la qualité. Les projets primés portaient sur le renouvellement anticipé des ARV pour éviter les interruptions de traitement et la recherche active des personnes non diagnostiquées. Ces résultats ont été atteints dans un contexte d’insécurité, de pénurie de carburant et d’accès limité aux routes. Ils montrent que lorsque des ressources sont disponibles, elles sont utilisées de manière efficace.
La situation reste fragile. Haïti traverse l’une des crises sécuritaires et économiques les plus graves de son histoire. Des groupes armés contrôlent des routes essentielles. Le personnel de santé se déplace souvent sous la menace. Les livraisons d’ARV et de fournitures de laboratoire sont régulièrement retardées. Lorsque cela se produit, les équipes trouvent des solutions temporaires. Mais si les financements diminuent en même temps, le système ne peut absorber les deux chocs. Les ruptures de stock deviennent plus probables. Les taux de suppression virale diminuent. Les résistances augmentent. Des vies sont perdues.
Un cas récent illustre clairement les enjeux. Une femme vivant avec le VIH avait cessé de se rendre à ses rendez-vous. Les agents de santé communautaires sont allés chez elle et l’ont trouvée extrêmement affaiblie, fiévreuse, avec une toux persistante. Elle avait développé une tuberculose, très dangereuse pour les personnes vivant avec le VIH. Sa famille n’avait pas les moyens de payer un transport, elle est donc restée chez elle jusqu’à être proche de la mort.
Le personnel de Zanmi Lasante l’a conduite à l’hôpital, a repris son traitement, a réalisé les tests de dépistage de la tuberculose et a immédiatement commencé la thérapie. Elle a reçu un soutien nutritionnel et un accompagnement psychosocial. Aujourd’hui, elle se rétablit. Selon Richy, si les médicaments n’avaient pas été disponibles ou si le laboratoire n’avait pas pu confirmer la tuberculose, elle n’aurait pas survécu.
Voici ce que le financement américain permet chaque jour en Haïti
- Approvisionnement continu en ARV dans des zones reculées ou instables
- Laboratoires capables de mesurer la charge virale et de détecter précocement la tuberculose ou les résistances
- Agents de santé communautaires qui retrouvent les patients, assurent le suivi et préviennent les échecs thérapeutiques
- Soins intégrés VIH et tuberculose, soutien nutritionnel et services psychologiques
- Formation des cliniciens, pharmaciens, infirmières et travailleurs communautaires haïtiens
Lorsque le financement est interrompu, les effets sont immédiats. Un simple retard dans l’approvisionnement en ARV peut entraîner une interruption du traitement et la création de résistances. Moins d’agents communautaires signifie plus de patients perdus de vue. Sans laboratoires, il devient impossible de surveiller la charge virale ou de dépister la tuberculose. Des années d’avancées peuvent disparaître rapidement.
« Nous ne demandons rien de nouveau. Nous demandons de protéger ce qui a été construit. Le système fonctionne, mais seulement s’il est soutenu. »
Malgré l’insécurité, les pénuries de carburant et l’instabilité politique, les travailleurs de santé haïtiens poursuivent leur mission. Ils marchent sur de longues distances pour atteindre les patients. Ils transportent les médicaments à pied lorsque les véhicules ne peuvent pas passer. Ils maintiennent les services ouverts même lorsque la violence est proche. Leur engagement est réel, mais il ne peut remplacer ni les médicaments, ni les outils de laboratoire, ni les salaires.
Le message de Zanmi Lasante aux décideurs américains est clair. Les investissements dans la lutte contre le VIH en Haïti donnent des résultats. La suppression virale est possible. La qualité des soins s’améliore. Des vies sont sauvées. Sans un soutien continu du PEPFAR, ces acquis pourraient être perdus en quelques mois.
Continuer à financer ces interventions n’est pas un acte de charité. C’est la différence entre un système de prise en charge du VIH qui fonctionne et une urgence humanitaire.
Les progrès décrits ici reposent sur des ressources constantes, du personnel formé et des outils capables de repérer rapidement les complications. Pour éviter que la situation ne bascule, chaque contribution compte. Soutenir Zanmi Lasante, c’est maintenir l’accès aux traitements, protéger les patients les plus vulnérables et empêcher un retour en arrière brutal.